" Jack, tu as encore déchiré ta poche, tu la remplis toujours trop!" grommela sa mère en examinant les tenues de toute sa nichée. "Et arrête de rapporter des cailloux, j'en ai assez dans mon potager!"
"Jack !" piailla Laura à qui il venait de tirer une tresse, pendant qu'elle lacait ses chaussures, assise à côté de lui.
"Jack, arrête de bailler aux corneilles !", cria Nelly, en essuyant la table du petit déjeuner, pressée qu'il finisse son bol.
"Jack, où as tu encore mis mon sifflet ?" demanda son grand frère qui ne se serait jamais éloigné de la maison sans son fétiche.
"Jack, as tu nourri les poules hier soir ?" demanda son père, "elle ont l'air affamées ce matin."
"Jack, tu n'as pas rangé tes affaires, j'ai encore failli me casser la margoulette en rentrant cette nuit", dit Matthieu, l'aîné de la famille, qui allait sur ses dix huit ans.
Plus les réflexions de sa famille pleuvaient sur ses épaules, plus le petit Jack se recroquevillait. Comme il aurait aimé être enfant unique au lieu d'être né dix ans après William ! (Mais en fait il n'avait ce genre de pensées que le matin quand tout le monde était pressé. Le reste du temps Jack était un peu la mascotte de la famille.)
Alors, quand, enfin, il termina son porridge, il partit se promener dans la prairie. Il parvint en haut de la colline en même temps que le soleil se montrait. Il s'installa et attendit.
Jill était une petite fille trop sage. Comment, trop sage, me direz-vous ? Mais oui, elle essayait de se faire aussi discrète qu'un mulot, aussi obéissante qu'un chien de berger. Pourquoi ? Mais parce qu'elle avait compris avant son voisin Jack que plus vous vous montrez discipliné, moins les gens cherchent à rentrer dans votre jardin secret.
Quand elle eut fini d'aider sa maman à essuyer les bols, elle nourrit le chat et alla chercher le châle que sa grand-mère lui demandait, essaya de faire ses couettes seule, mais il y avait toujours une mèche rebelle qui échappait à sa vigilance. Sa maman qui désespérait d'avoir une fille aussi sage ne le lui disait jamais.
Jill demanda poliment si elle pouvait aller se promener "pas plus loin que le haut de la colline". Permission lui fut accordée.
Elle rejoignit donc son ami Jack.
Et ils attendirent... attendirent... attendirent.
Leurs petits amis étaient un peu en retard ce matin.
Jill & Jack leur demandèrent pourquoi.
"Il paraît que le renard rôde en ce moment et nos mamans ne voulaient pas nous laisser sortir."
"J'ai caché les cartouches de papa, vous êtes tranquilles pendant un moment", dit Jill en jetant un regard de connivence à Jack.
"Je vais dire à papa que le renard risque de manger ses poules", dit son ami Jack, qui ne voulait pas être en reste. "Il est allergique au lapin, ne vous en faites pas, il ne vous tuera pas."
Comme c'était bon, de se tenir là, dans la quiètude matinale, deux futurs couples (?), l'un en face de l'autre...
Le vide poche que j'ai peint mesure 13 cm de côté et la scène 8 cm de côté.
J'ai d'abord décalqué le dessin, puis tracé les contours à la plume, puis cuit, ensuite j'ai fait les personnages, les arbres, cuisson, puis le paysage et retouché les personnages, les arbres, cuisson, puis le ciel, les nuages, retouches ici et là, quatrième cuisson.
Quel rouge ai-je utilisé pour la robe de Jill, d'après vous ?
Et quel rouge ou violet préférez-vous?
Bonne journée !